Le 21ème siècle, les années 2000, la musique sur internet, le téléchargement, Itunes, le rapport des gens à la musique a changé. Il n'est pas rare d'entendre, dans le ballet des conversations de terriens désabusés, que c'était mieux avant. Qu'Elvis et les Beatles ne seront jamais égalés. Que les jeunes loups ne font que plagier grossièrement des légendes, soigneusement déguisés en Joey Ramone, en étudiant sixties ou en Nancy Sinatra. Faire du neuf avec du vieux ne jamais semblé aussi mal vu qu'il y a dix ans. Aujourd'hui cette sale manie semble être dépassée, peut-être parce qu'on y est habitué, peut-être parce que les groupes digèrent mieux des influences parfois très (trop ') présentes, toujours est-il que de la bonne santé du rock n'est pas étrangère à l'énorme activité de certains groupes décomplexés qui réinventent le rock n'roll, la country, la folk, le jerk et je ne sais quels styles que seuls quelques labels ou disquaires indés ont encore le courage de promouvoir. Sallie Ford & The Sound Outside sont originaires de Portland et font partie de ces groupes hors du temps qui cultivent une identité particulière : madame en robes mi-longues à fleurs et chapeaux bucoliques, et ces messieurs en chemises à carreaux. Le quatuor qui attire à la sortie de leur premier album (Dirty Radio, 2011) le faisceau acéré de projecteurs friands de groupes décalés grâce à un son vintage, un style rock n'roll/rockabilly revisité et plutôt bien exécuté, porté par une voix magnifique, claire, dotée d'un léger grain. Les trois affreux qui accompagnent la demoiselle font sonner contrebasse, guitare twangs et rythmes binaires, slide et orgue comme rarement sur un album pop-rock ces dernières années. Car il faut bien le dire, aussi années 50 ou 60 que soit ce groupe, les mélodies très accrocheuses et le son très poli du disque le rendent très accessible à la manière de celui de Moriarty chaudement accueilli par d'excellentes critiques lors de sa sortie. La frontière entre un album pop colorée et un album plus profondément encré dans une veine devenue plus confidentielle au fil du temps est parfois difficile à discerner, et si cet état de fait peut légitimement agacer les puristes, il faut avouer en toute subjectivité que la pop influencée par les années cinquante sera toujours plus excitante que celle de Robbie Williams. Robbie qui ?
Mr Orange
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