Vous vous souvenez de cette malle chez vos parents, recluse dans un coin de votre mémoire comme dans celui du grenier, ou encore de ce carton oublié dans un placard et redécouvert à l'occasion d'un déménagement et dont vous ne soupçonniez même plus l'existence. Et alors vous l'ouvrez. Jouets dans l'une, lettres et photos dans l'autre. Et, imperceptiblement ou violemment, les sentiments se mêlent de ce moment, joie, trouble, tristesse, ébahissement, bref ce qui fait des souvenirs le carburant de votre journée si ce n'est de votre vie. Aujourd'hui, dans notre boite à musique, on s'étonne de la pochette aquarelle, poétique et légèrement naïve, qui se matérialise devant nous. Sleeping at last ? Un petit tour sur le net pour constater que le groupe de Wheaton dans l'Illinois tourne depuis treize ans, et qu'il est composé d'un seul membre pérenne, Ryan O'neal, auquel se rajoutent des collaborations éphémères ou fréquentes (la violoncelliste Suzan Voelz). Connu dès 2003 outre-atlantique avec l'album Ghosts qu'il signe sur le label Interscope d'un certain Billy Corgan, Sleeping at last (SAL pour les intimes) diminue l'utilisation de l'électrique en 2006 sur Keep no score, avant de l'abandonner complètement sur Storyboard, petite perle d'Indie-folk qui débarque en 2009. Oui, mais pas chez nous, alors rattrapons tout cela. Bien qu'épuré de beaucoup d'instruments, les lignes principales étant constituées du triptyque guitare-violon-piano, les arrangements n'en sont pas pour autant simplifiés, un sens de la mélodie certain doublé de la présence de sonorités exotiques tels le tambura bulgare (sorte de luth à long manche sur Slow & steady), le ukulélé et les maracas (Porcelain) donnent de la profondeur à l'orchestration proposée et un génial tube à essai mondial et musical, rappelant les essayistes Sufjan Stevens et Beirut des grands heures (le très cartoonesque Clockwork). Mais SAL c'est aussi aller à l'essentiel, droit dans l'émotion, là où la voix de O'neal prédomine, dans sa sensibilité et sa fêlure et où la musique sert plus que ne s'impose, des notes qui s'envolent au souffle des mots peints et trouvées dans cette folk intimiste que l'on retrouve chez les nords-européens, Teitur, Sigur ros, Damien Rice ou Moddi en tête de gondole (Naive ; Unmade ; Birdcage Religion). Un mélange des deux, orchestration et émotion, chaleur et douceur, et vous lorgnez du côté des Piers Faccini, Loney dear et Syd matters (Green screens ; Side by side ; Timelapse ; All this stay). Vous l'aurez compris, du passage de l'électrique à l'accoustique est né un bel objet, Storyboards, enthousiasmant et touchant, intelligent et varié. Il aurait été dommage de le laisser dans le coffre à réminiscences, à côté du Teddy bear effiloché et des images ternies par le temps.
Mr Blue
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