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On entend souvent qu'il faut vivre avec son temps. Ce conseil, aussi peu subtil que bateau, est une belle foutaise qu'il ne faut surtout pas appliquer à la musique ; et pour cause, l'un des groupes les plus excitants du moment dans le circuit rhythm n'blues indépendant est français et s'appelle Towerbrown. Ils nous arrivent de Grenoble, une ville plus connue pour ses penchants reggae et électro que pour ses déambulations sixties, et proposent sur leurs deux EP de quatre titres chacun un rhythm n'blues teinté de soul, de surf, de british beat ou de yé-yé, bref, un mélange hors du temps, un groupe que l'on attendait même plus. Le premier d'entre eux, Let's Paint It Brown, débute par un titre éponyme jerk-surf quasi instrumental qui incite méchamment à se trémousser grossièrement façon hula hoop et ceintures de plumes. Si la pochette du disque et le premier morceau ne l'ont pas déjà fait, Fire Won't Burn Anymore plonge instantanément dans une ambiance '65 en rappelant The Animals dans un style blues soul lancinant, guidé par les sifflements et trémolos aiguisés de l'orgue Hammond omniprésent sur le quarante-cinq tours. La face B élève encore le niveau avec Which Game Are You Playing, un morceau génial doté d'un beat imparable, ponctué d'un saxophone baryton syncopé qui apporte une profondeur et un côté suave inhérents au greasy rhythm n'blues sixties importé de Chicago. Le disque prend fin sur Just One Good Reason, un morceau plus british dans l'esprit avec des accords qui claquent sous un harmonica moteur, avant que l'orgue, encore, ne reprenne le dessus par des nappes qui assènent un point final à ce premier essai plus que réussi. Towerbrown, c'est vraiment un groupe qui revisite sans plagier et avec goût une tranche décisive du rock anglo-saxon dont on mesure de plus en plus l'influence aujourd'hui, alors que des dizaines de mecs décomplexés affichent fièrement leur appartenance à un groupe. Cela ne rappelle-t-il pas le chapitre des mods et des rockers ? Si, assurément. Nous avons trouvé nos mods, rockers, à vous ! Le deuxième EP, tout aussi bon, s'appelle I Wanna Know (What You're Gonna Do) et manque de bol il est épuisé depuis peu. Je me le garde bien précieusement en attendant avec impatience la sortie de l'album prévue dans quelques mois, mais nous aurons l'occasion d'en reparler.
Mr Orange
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