J'ai essayé de me passer de vous, je vous jure, j'ai donné de ma petite personne...J'ai travaillé à des heures fixes et mangé trois repas par jour. Je me suis bien décrassé derrière les oreilles, réussi à être de bon poil plus de vingt minutes par jour. J'ai pensé à changer de froc tous les trois jours et le dimanche, j'ai poussé la fantaisie jusqu'à mettre un caleçon. J'ai désespérément tenté de vous effacer progressivement du tapis de neurones que mon cerveau ne réserve pas à la folie...Tout ceci en vain et me voilà de retour près de vous avec la désagréable impression de n'avoir jamais quitté les lieux...Finissons-en voulez vous puisqu'on est là pour ça...Le cadavre du jour n'est autre que Dave Brubeck et ses premiers potes de chambrée du célébrissime quartet éponyme. Je vais pas vous faire la leçon, vous détestez quand je fais ça, ça et quand je pense à pas à remplacer le rouleau de papier chiottes. Je n'ai évidemment pas besoin de vous dire à quel point le jazzman californien accompagné de musiciens d'exception prend un malin plaisir à pulvériser les codes alors en place et, évènement encore plus rare, fait rimer sa révolution rythmique avec succès populaire. Le groupe invente, surprend, s'étonne lui-même de ce brio constant qui les voit retomber inlassablement sur leurs pattes. Le gang Brubeck peut surtout se targuer d'avoir offert au jazz un nouveau public, celui-ci s'échappe progressivement des clubs enfumés et s'invite sur les ondes du monde pour ne jamais revenir à bon port. L'évasion réussie, ça n'a pas de prix...Alors imaginez une cavale qui se transforme peu à peu en apothéose...Jésus, Marie et Prokofiev, j'ai sincèrement essayé de me passer de vous...J'aurais presque voulu ne jamais vous avoir croisé...Comprenne qui pourra...
Mr Malo
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