Convenons de l'aspect immuable de certains éléments qui régissent notre monde. Ce dernier tourne autour du soleil, nous vieillissons l'âge avançant... la voix de Skin, l'inaltérabilité de certains paradigmes, l'invariabilité de paramètres physico-chimique... la voix de Skin. Les sentiments évoluent, la météo est changeante, la musique suit des modes ou s'en détache... et la voix de Skin reste là. Ou plutôt revient. Skunk anansie a dominé la scène rock alternatif britannique (britrock) dans les années 90. Trois albums qui ont posés les bases de ce groupe, d'un style, batterie et guitare hargneuses et sauvages sur les tempos élevés sachant se faire agneaux sur les balades, un univers sombre et désolé où les textes dévastent tout autant que les vagues mélodiques qui les accompagnent, un jeu scénique imparable et une leader vocale, Deborah Dyer alias Skin, à la voix inoubliable, modulée à souhait par l'artiste, déchirante et belle sur les registres pop, éraillée et puissante sur les salves rock. L'histoire veut que le groupe se sépare en 2001 sans heurt ni haine, des projets solos en tête, pour mieux se retrouver, déjà sous la forme d'un Best of en 2009, il faut bien se nourrir et se faire rappeler aux bons souvenirs, puis d'un album, oubliable pour certains (Wonderlustre). L'année 2012 semble être celui du vrai come back pour Skunk anansie. Retour, non un renouveau, car on retrouve à quelques nuances près, le groupe qui a déchainé les passions et les vocations une décennie plus tôt... et la voix de Skin. Pour reposer les bases, rien de tel qu'un pamphlet rageur des origines, un rock salvateur pour signifier que Skin et sa troupe sont de retour (I will break you). Sad sad sad n'est pas une réponse au Sick, Sick, Sick, de QOTSA, mais une proposition du groupe d'envahir un nouveau territoire par sa touche électro tout en gardant son énergie punk. La construction de ce titre rappelle volontiers certaines fulgurances des énervés de Shaka Ponk. Cela tombe bien vu que les anglais font pour la première fois de leur carrière un duo avec un autre groupe, en l'occurrence nos petits français, plus si petits finalement (Spit you out). Skunk anansie ne serait ce groupe reconnu sans ce tour de force de rester crédible dans son grand écart musical entre rock et pop. On retrouve donc des balades où se rajoute violons (I hope You get to meet your hero), claviers (Diving down) mais surtout la voix de Skin, chaude (Our summer kills the sun), ou à la limite de la brisure (This is not the game). Avec Black trafic, le groupe évolue dans la stagnation. Pas de révolution flagrante. Qu'importe. Le peuple britannique a retrouvé son rock dévastateur par les notes et les mots (Satisfied ? et son bientôt célèbre Fuck you!) ... et la voix de Skin.
Mr Blue
Un disque un jour © 2011 - 2024 • Tous droits réservés • Webdesign by Mr Blønde • Nous contacter • Mentions Légales •