Je me suis tapé toute la route depuis Bern, en Suisse, j'ai traversé l'Allemagne, j'ai fait un détour par l'Ecosse, un crochet par le Canada, et une halte en Espagne pour arriver ici. Et qu'est-ce que je vois ? Qu'est-ce que je vois mes frères et soeurs ? Des gens qui ne croient pas en Dieu ! Allelujah ! Alle-fucking-lujah ! Ceci, frères et soeurs, est le message que distille le Reverend Beat-Man à travers l'Europe et à travers le monde depuis une quinzaine d'années, depuis que Beat Zeller a troqué sa veste des Monsters (de retour depuis 2011) et son costume de catcheur de l'époque Lightnin' Beat-Man contre un habit de prêtre et une bible. La légende situe ce changement de cap au sortir d'une expérience de mort imminente. Depuis 2001, en one-man band ou avec ses Un-Believers, le Reverend Beat-Man parcourt les bars et les salles les moins fréquentables pour distiller la parole blues-trash. Les chansons malsaines (I See The Light), pieuses (Jesus), concises et brutes du Reverend, petites histoires sombres et violentes (The Swiss Army Knife), sont pleinement assumées et dénigrées en même temps : ne dit-il pas d'ailleurs lui-même que ses morceaux ne sont que de stupides chansons blues-trash, bruyantes, sans message, sans lendemain ? L'esprit punk de Beat-Man est partout, dans le rythme haletant du moindre morceau folk (Another Day Another Life), le moindre gimmick blues (I've Got The Devil), le moindre passage gospel ou country. A ce titre, la version de Blue Moon Of Kentucky vaut le détour. Le titre de l'album ne ment pas, le contenu est bien Surreal Folk Blues Gospel Trash : Beat-Man pioche dans la musique américaine de profondes influences et les passe à la moulinette trash. Le résultat, forcément bluffant au vu de l'indigeste description que je viens d'en faire, est le savoureux mélange non-orthodoxe de la musique du diable qu'un autoproclamé révérend réinvente, honore et cabosse d'une voix rocailleuse et d'une guitare graveleuse. Ah, et le détail qui tue : Beat-Man n'est autre que le patron du célèbre et excellent label Suisse Voodoo Rhythm Records, importateur principal de galettes hautement comestibles, particulièrement riches en blues trash et autre sauvageries cajun, valse et one-man band. Ou tout à la fois. Eh ouais, un peu dur de s'y retrouver mais les galettes Voodoo se méritent.
Mr Orange
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