Il n'aura fallu attendre que deux petites années depuis A Poison Tree (2010, Voodoo Rhythm Records) pour entendre à nouveau parler des merveilleux italiens de Movie Star Junkies qu'on avait découverts avec leur premier album Melville (Voodoo Rhythm Records, 2008), un album époustouflant dont le titre prend la forme d'un hommage à l'écrivain américain Herman Melville. Le style du groupe ne se définit pas très clairement : il alterne folk épique, pop désabusée, blues sonique, on finira donc par classer le groupe dans le haut du panier garage-folk sophistiqué. Ici sophistiqué ne veut pas dire poli : le son des Movie Star Junkies, aussi riche soit-il, bardé de guitares aux mélodies enivrantes, d'une batterie imposante et d'orgue hypnotique, est sali (ou sublimé, c'est selon) par un grain poussiéreux qui renforce le chaos de morceaux qui n'en manquent déjà pas. Son Of The Dust, sorti cette année sur Outside Inside Records (pour l'anecdote, un des ingés-son du studio Outside Inside et du label du même nom n'est autre que le bassiste du groupe), le groupe s'éloigne de l'esprit Voodoo Rhythm et met en avant son côté mélodique. Et franchement ils auraient eu tort de ne pas le faire tant la puissance des morceaux et la subtilité des arrangements, des guitares, claviers, gimmicks de batterie ou perles de basse, largement mis en évidence, décuplent le potentiel mélodique et l'intensité sonore et émotionnelle des Movie Star Junkies. La triplette These Woods Have Ears, In An Autumn Made Of Gold et Son Of The Dust ouvre parfaitement l'album et présente un groupe qui combine tragédie, vague à l'âme, abandon, chaos, candeur, joie naïve, et les paroles vont dans ce sens. Le groove de The Damage Is Done ou This Love Apart présente l'autre facette d'un groupe d'ordinaire pas très funky, There's A Storm, tout en nuances et en légèreté permet de prendre du recul sur le reste de l'oeuvre du groupe en rappelant les Doors. Retour immédiat à la réalité avec A Long Goodbye et le ténébreux, ombrageux, définitif End Of The Day qui regroupe tout le spleen et la candeur des Movie Star Junkies, alors que la voix du groupe, Stefano Isaia, semble encore une fois raconter des histoires de fantômes d'une voix déclamatoire, incantatoire, fataliste et lacrymale. Avec Son Of The Dust, le groupe confirme son incroyable potentiel et semble continuer à grandir sans répéter à l'envi les recettes efficaces des albums précédents. C'est une des raisons pour lesquelles il faut absolument y jeter une oreille, cet album est parfait.
Mr Orange
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