Cabadzi, groupe formé autour des slams de Lulu, de musiques assez chanson française faites de guitares, choeurs, violoncelle, trompette, tuba..., et du beat-box de Vikto. C'est du rap coup de poing, issu de milieux chanson française, et assorti de slam, voilà pourquoi on pense volontiers à Loïc Lantoine ou à certains morceaux de La Rue Kétanou (l'accordéon en moins). Découverte du Printemps de Bourges en 2010, avec l'album « Emeutes de souffle », ils viennent de sortir « Digère et recrache » sur L'autre Distribution. A la lecture du nom d'album ça peut faire peur : encore une promotion de la bestialité humaine pour survivre dans cette jungle urbaine ! En fait bien sûr c'est ironique : « digère et recrache » c'est un peu le résumé de ce qui se fait à l'échelle du monde, ou de l'estomac : créé, recyclé, oublié... Mais quand même, le premier titre aussi m'a fait un peu peur, heureusement que la trompette nous sonne de sentimentalisme avec son air qui ne lâche pas la chanson, comme une complainte nostalgique. Car le premier titre parle de la TV, première phrase : « regarde-LES, devant leurs écrans ils sont comme les nuées de papillons blancs que l'ampoule envoute, et les morts télévisés deviennent aussi insignifiants que les publicités... » Belle grammaire, mais on retrouve un discours facile, celui du méchant monde où les humains ne sont que des robots déboussolés, des zombies pleins de bouffe ou des tyrans, et où l'on se défoule sur la ménagère de 50 ans. Passé cette intro Cabadzi construit son monde, les textes entre témoignages et provocation ne sont pas propagandistes, il y a beaucoup de mots, c'est au fur et à mesure des écoutes que l'album révème sa saveur, porté par des musiques assez rêveuses, notamment dans « Princesse », ou la magnifique « Digère et recrache ». Entre titres qui regrettent le formatage, la perte des saveurs, disent le besoin de s'éloigner d'un monde bruyant, déboussolé, tourbillon, et titres d'époque... comme « Piscines et gamines en string » ou « Lidl des jeunes », on entend parfois qu'il faut laisser tomber cette partie du monde, qui avec un peu de chance pourrira sur elle-même. On est proche de 1984, alors pour tous ceux qui ne l'ont pas encore lu ; écoutez Cabadzi et plongez vous dans George Orwell.
Miss Brown
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