Every Damn Time. Le titre du premier disque de Black Diamond Heavies sonnerait presque comme une fatalité, celle de devoir, pendant et après chaque écoute de cet album magique, prendre quelques minutes pour souffler. En fait pas vraiment, mais quand même, le constat est le même à chaque fois: Every Damn Time des Black Diamond Heavies, duo originaire de Nashville dont les albums sont tous publiés chez Alive Records, est un &**% »### de disque. Ou si vous préférez, un sacré disque. Et le mot n'est pas trop fort, puisque en neuf morceaux John Wesley Myers (aka James Leg) et Van campbell vont piocher dans tous les côtés du blues y compris les vôtres, des plus évidents aux plus obscurs, pour les distordre et les rendre aussi crasseux, aussi poisseux, aussi punk que possible. Pour cela, ils ne cèdent pas la facilité. Fever In My Blood ouvre l'album sur un solo de batterie quasiment emprunté au free jazz, vite rejoint par les claviers saturés qui constituent vraiment l'identité du groupe. All To Hell, un blues lancinant et languissant de plus de huit minutes annonce la couleur: chez nous, pas d'embrouilles, pas de contraintes, on joue ce qu'on veut. Ils osent d'ailleurs conclure certains morceaux par des emprunts à leurs héros, ainsi Fever In My Blood se termine sur le refrain de Gimme Shelter des Stones, et Poor Brown Sugar sur Stop Breaking Down de Robert Johnson. Ce son si particulier, BDH le doit d'abord à sa formule de duo qui laisse énormément de place à chacun des musiciens, des subtilités rythmiques de Campbell, qui cogne vraiment fort, aux variations de sons et au subtil jeu de doigts de Myers dont la voix particulière, éraillée au possible par les clopes et - présumons - le bourbon, ne fait pas tout non plus. Il n'y a pas de secrets, il faut être bon musicien pour oser et réussir un album comme celui-ci. Et bon technicien aussi : Myers jongle avec ses claviers, un Fender Rhodes et un clavier basse, et avec des pédales d'effets branchées en série. Le son de Black Diamond Heavies est massif et imposant ce qui n'empêche pas le groove-qui-tue de faire son apparition sur la moitié des morceaux du disque (dont sur Signs), quand les blues ombrageux (All To Hell, Stitched In Sin)veulent bien se dissiper ou quand les blues punk et morceaux de résistance que son Poor Brown Sugar, Leave It In The Road, Fever In My Blood ou White Bitch le veulent bien. Je vous le disais, c'est chaque fois. Chaque fois que je tire ce disque de l'étagère de vinyles, je sais qu'il me faudra trois écoutes pour comprendre en quoi ce groupe est si bon...jusqu'à la prochaine fois.
Mr Orange
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