L'autre jour je discutais avec des amis sur leur choix de super pouvoir qu'ils auraient aimé arborer. On se doit de toujours garder une âme candide, cocon salvateur et rassurant s'il en est. Alors on se remémore notre enfance, quid de notre envie d'invulnérabilité, quid de celle de voler au dessus de toute chose, quid de l'invisibilité pour...bref. M'est venu alors une curieuse envie. Le pouvoir de rêver à tout moment. Le rêve nous appartient, il est protéiforme et à chaque soubresaut de la vie, il opère comme un baume. Mais voilà cela ne se peut. Ou indirectement. Il existe des déclencheurs à onirisme. Les oeuvres, de la Nature ou suscitées par l'homme, picturales, théâtralisées...composées. Certaines musiques par leur approche et leur sensibilité peuvent aisément vous faire passer de l'autre côté du miroir, vous plongeant dans un univers où la réalité est modelée pour ne transparaitre que dans un état vaporeux, léger et cotonneux. Cette jubilation immatérielle nous la retrouvons avec Syd Matters depuis 2003. La bande de Jonathan Morali, entre une BO et quatre albums, dont le dernier, Brotherocean, est présenté ce jour, a toujours su délivrer un message poétique, sachant vous apaiser autant que vous envoler sur des sonorités tantôt folk, tantôt pop. Ainsi après un dernier album plus acoustique sorti en 2008 (Ghost day), Brotherocean s'autorise quelques digressions électriques et instrumentales, grande caisse par ici, cuivre par là , trouvailles sonores et touches réverbérantes limpides (Wolfmother), insufflant une atmosphère que l'on pourrait qualifier de joyeuse, en tout cas de lumineuse. Les comparses de Morali se rajoutant agréablement sur de nombreux titres à la voix toujours aussi délicate et poignante de ce dernier (We are invisible, Lost), l'album tangue sur les flux et reflux de la vie, compagnons nous invitant dans leur périple, aquatique par les titres traversées (River sister, I might float) mais également aérien par les sensations parcourues (A robbery, Rest). Oui Brotherocean est un album entre mer et ciel. Si les textes sont emprunts de références littéraires (pensez à La mer de John Banville), la musicalité simple, sans maniérisme et encombrement inutile, nous embarque...la tête dans les nuages tout le long de ce livre musicale (ne pas louper à cet égard la piste cachée). A la fin, vous fermerez ce récit au long cours, mais les notes vous resteront en mémoire et, nonchalamment, votre seule préoccupation sera de divaguer, la tête dans les étoiles.
Mr Blue
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