Gotye (pronconcez Gautier) est un original. Il faut dire que son parcours l'est tout autant. Né en Belgique, Wouter de Backer de son vrai nom, a déménagé en Australie dès son plus jeune âge. Parcours classique, si ce n'est qu'il poursuit des études d'Arts et de Droits ainsi qu'une formation en langue moderne, le Japonais, avant de s'apercevoir que la musique prend une part importante dans sa vie. Il abandonne alors le droit et le japonais, continue un temps l'art, détail qui ne l'est pas si on s'intéresse à son imaginaire et à ses productions musicales futures. Wouter de Backer apprend divers instrument, notamment le piano et la batterie (les percussions prennent largement part à ses créations) et se lance dans le grand bain. Un surnom, celui que lui donnait sa mère, Gautier, traduction française de Wouter, on habille ce dernier. Gotye. Après un premier album ayant eu un certain écho aux Pays-bas, la consécration de l'artiste vient avec un titre que nous ne présentons plus, Somebody That I Used to know, décrivant une douloureuse séparation, et qui prend place sur l'album Making Mirrors sorti en 2011. Ce titre très graphique par le visuel du clip, est représentatif de la couleur de l'album, traitant essentiellement des relations amoureuses, et des aspirations artistiques de Gotye, jouant sur les sonorités, multiples et feuilletées. Making mirrors n'étonne pas par les textes, peut être un peu convenus, mais par la déclinaison des arrangements dévoilant des couleurs aussi variées que le Jazz-pop façon Bublé (I feel better et son intro très peplum) ou l'easy pop de George Michael période Faith (In your light). Le côté arty de Gotye découlant de son parcours estudiantin se dévoile sur des titres plus recherchés et donc surprenants. Difficile d'accès à la première écoute, State of the Art, mélange de sons Dub et d'utilisation d'un vocodeur déshumanisant la voix, démontre que cet artiste ne veut pas se limiter à des titres mainstreams. Certains autres se rapprochent aussi des expérimentations musicales de compositeurs arty (art rock) et reconnus comme Peter Gabriel, Kate bush ou le Blur d'Albarn sur leurs albums les plus sophistiqués (Don't worry, We'll Be Watching You et son approche Trip-hop-dub, l'esquisse tribale-ethérée sur Bronte ou encore les réverbérations déroutantes à base de percussions et de rythmiques free jazz sur Smoke and mirrors). Oui Gotye a peut être cédé à la facilité sur certains titres de Making mirrors mais il s'est fait plaisir et il a prouvé qu'il pourrait offrir, dans un avenir proche, des albums plus risqués laissant libre cours à sa créativité et aux trifouillages, du moins nous l'espérons.
Mr Blue
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