L'autre jour avec des amis nous dissertions sur l'existence et l'avenir du rock français. Comme souvent lors de ces conversations qui nous mènent à pas grand chose hormis jusqu'au bout de la nuit, les postulats se réclamant de la singularité de notre son résultant de notre verbe se heurtaient aux assertions érudico-nostalgiques du « c'était mieux avant ». Ces principes étant posés, revenons à une réalité qui nous a échappé pendant longtemps, y compris votre serviteur, le rock français est loin d'être envoyé ad patres et Shakespeare par sa langue alléchée, ô my God, nous en convainc. De nombreux groupes de l'hexagone, plus ou moins hardis, se sont essayés à l'exercice, avec des résultats plus ou moins hasardeux. Pas facile de faire perdurer l'esprit cocardien en suivant les codes d'Outre-Manche tout en s'affranchissant de la sacro-sainte et parfois pernicieuse comparaison. Faire un saut temporel et réveiller les esprits d'antan pour éveiller nos contemporains? C'est une solution. Elle fut prise en 2005 par des français de Perpignan venus épancher leur énergie à la capitale. The Trap des Hushpuppies s'écoula à plus de 25000 et surtout révéla le groupe par son rock très sixties, survitaminé et aux tubes imparables. 2007 fut le moment d'écouter si ces derniers en avait dans leur garage. Reposant sur un socle éprouvé sur leur premier album et lors de leurs nombreuses performances scéniques tant le groupe a tourné, Silence is golden ne déçoit pas. On retrouve cette instrumentation typique, batterie, guitare (puissante et sachant s'effacer) et clavier (plus présente, belle initiative) donnant un son old school si frais, on s'enthousiasme encore sur les montées en puissance, break sonique sur les refrains (Fiction in the facts) ou envolée progressive (A trip to Vienna, de l'intro zen au finish noisy). Mais là où The Trap se contentait de ces arrangements, Silence is golden se voit plus varié, peut être plus abouti que son prédécesseur. Sachant s'amuser sur les mots et les sensations (Comme baby here I come, come on and get me now), Lost organ et sa décharge sonore finale se voit être plus un Last orgasm tandis que Moloko sound club joue sur une dualité pop et punk bien orchestrée. On retrouve cette bipolarité musicale et textuelle sur Bad taste and gold on the doors et Love bandit. Là où le premier, sur un rythme endiablé et dansant, fait l'écho du Star system et de ses subversions (l'imparable gimmick I want my Kate Moss restera longtemps gravé dans nos caboches), le second titre, mélancolique et pop, renvoie aux conséquences. Oui les cinq gars d'Hushpuppies savent dépeindre de nombreux univers, la pop lumineuse (étrange paradoxe) de Down, down, down ou le rock bluesy d'Harmonium finiront de vous persuader de l'attachement du groupe à produire un album rock complexe et jouissif, rodé pour le Live. Pari gagné.
Mr Blue
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