La voix trainante et nasillarde de Ryan Sambol flotte toujours dans l'air alors que les derniers accords de guitare, pourtant pas si loin, sont déjà presque évaporés. L'atmosphère est chargée lorsque s'achève l'écoute du premier LP des Strange Boys, chargée de relents d'une musique sixties et seventies oscillant entre blues, country, folk et rock n'roll. Pas de caricature de mixture frelatée ici, nos amis sont plutôt du genre à avoir digéré un wagon d'influences pour jouer un rock blues nouveau qui, s'il s'inscrit dans une vague globalement garage rock revival, écrase la concurrence grâce à une créativité et une audace bienvenues. Trouvez-moi un groupe qui mise tout sur les questions-réponses, les claquements de guitares rauques et les mélodies négligées, désinvoltes et non-moins lumineuses! ...And Girls Clubs est le premier des trois LP des Strange Boys sortis à ce jour, certainement le plus homogène tant au niveau du style que de la qualité des morceaux : Woe Is You And Me, Should Have Shot Paul, ou Heard You Wanna Beat Me Up illustrent la capacité du groupe d'Austin à disposer des trois minutes imparties à chaque chanson pour créer des pépites rythmées sur lesquelles la relation entre les guitares et les voix montrent un groupe doté dès son premier disque d'une grande maturité. La musique rappelle autant les Beach Boys voire les Stones sur leur côté rythm n'blues qu'une country américaine un brin nostalgique, cynique, électrique comme sur MLKs. On peut aussi citer Then ou Probation Blues qui par certains aspects rappellent la période charnière d'un certain Bob Dylan délaissant la folk pour la guitare électrique, O rage, O désespoir! Le but n'est pas d'identifier à tout prix les merveilleux Strange Boys à leurs glorieux aînés mais il faut bien se rendre à l'évidence, les croassements de Sambol n'aident pas à le distinguer du sus-cité B.D, pas plus que sa qualité d'écriture. Chaque jour qui passe offre la possibilité de découvrir de nouveaux Strange Boys, de post adolescents doués qui jouent la musique de leurs parents avec fougue et passion comme s'il s'agissait des prémices bourgeonnantes d'un truc sensationnel, nouveau et précieux qu'il faut absolument défendre. Et quelque part c'est un peu ça, en partant du principe que la musique est un éternel recommencement relancé au gré de groupes influents et de phénomènes de modes. Et même si vous n'aurez pas tous les jours la chance de tomber sur de nouveaux Strange Boys, soyez curieux !
Mr Orange
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