Le classicisme n'atteint pas le nombre des années. J'espère que Monsieur Corneille ne me tiendra pas rigueur de cette prise d'otage, qui plus est altérée, d'autant qu'il ne sera question ici que de musique. Qu'espériez-vous ? Intéressant que cette notion de classique. Connoter antique ou standard si on considère tantôt son essence tantôt sa portée, une oeuvre classique ne semble pouvoir appartenir au présent, bloquée qu'elle est dans les représentations où l'homme se plait à la figer. Bref, l'immédiateté d'une pièce classique, pour quelques générations innocentes ou dociles, se dépeint dans les toiles de la désuétude, emplissant nos esgourdes de nappes de naphtalines. Et pourtant. Et pourtant le classique peut être résolument moderne et ne correspond pas obligatoirement aux oeuvres, tout autant prodigieuses qu'elles puissent être, et aux philharmonies les évoquant. Le classique peut aussi s'accorder, à mes oreilles, à un retour aux sources d'un courant musical. Prenons la Folk : guitare, voix et texte. Voilà les fondamentaux. Peut-on se satisfaire de cela pour apprécier au mieux ce qui fait figure de tradition musicale nord-américaine (puis mondiale par extension ou appropriation). Je le pense. Et Chris Bathgate nous le propose. Dès les deux premiers titres présent sur A cork Tale wake, l'auteur-compositeur-interprète plante le décor. Guitare sèche au diapason, piano et cordes pour sublimer des mélodies simples, voix feutrée et fragile, se retrouvent sur « Serpentine » et « The Last Parade On An St_ ». Bienvenue dans la pop-folk de ce prolifique jeune auteur, puisque le présent album est le quatrième opus de sa courte carrière qui débuta par le heavy metal avant de se retourner vers la folk dans un groupe puis en solo dès 2005. Sans doute moins aventurier dans les arrangements que ses comparses tribuns Iron wine et autre Sufjan Stevens, Chris Bathgate s'est aussi pioché dans ses anciennes influences sur des titres tels « Restless » et « Smiles like a fist » où ce sont les cuivres qui font office de rythmique et donnent un La plus rock. Cependant ce sont ses morceaux minimalistes, de ceux qui vous poignent, vous transportent qu'importe le lieu pourvu qu'il y est le sensitif, à l'instar des Damien Rice, Perfume Genius ou Teitur, qui donnent du corps et du coeur à l'oeuvre de Bathgate. Ne fondez pas sur « Madison House » ou « Do what's easy » et vous resterez de glace en plein cagnard californien ! Le Classique a ses vertus et le présent vous appartient, alors n'attendez pas une machine pour vous y intéresser.
Mr Blue
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