Qu'est ce que l'esprit Rock ? Oui ça m'arrive quelquefois de me poser ce genre de question existentielle tout en sachant évidemment et d'un que je n'aurai sûrement pas la réponse d'ici la fin de cette chronique et que de deux, un public d'une ampleur que je n'ose me figurer, soyons optimiste, est prêt à me décocher flèches et ires et attacher boulet à mon pied pour me signifier que je le suis tout autant, boulet, à l'annonce de ma conception de la chose. Alors à défaut de la réponse, je vais me contenter d'une réponse, en l'occurrence celle du modeste dépositaire des céans écrits. Le Rock n'a d'existence sans un esprit, le reste n'est que coquille vide sans cette substance. Alors oui la désacralisation de refrain-couplet, oui les lâcher prises amenant à des solos d'anthologie, oui à l'aura du leader jalousé par les uns, adulée par les autres, oui aux débauches orgastiques et autres plaisirs nocturnaux offusquant la bienséance, tout cela fait partie du Rock mais l'esprit se tient aussi (surtout?) dans ce que l'on ne voit pas ou que l'on ne n'appréhende pas. Impalpable et imprégnant. Le Rock n'a aussi de sens s'il ne donne aucune prise, dans sa construction, sa signification, son rendu. Ou alors faut-il s'en donner la peine. A l'aune de ces propos, les Dandy Warhols illustrent aisément le discours. Annonçant clairement une partie de leur influence dès leur dénomination, ces quatre gars de L'Oregon ont toujours suscité débats à leur sujet, quid de leur attitude, désinvolte pour les uns, cool pour les autres, quid de leur orientation musicale, raisonnée ou anarchique, quid de la teneur de leur propos, sans aucun sens ou métaphorique. Bref, les Dandy Warhols divisent et Thirteen Tales From Urban Bohemia, troisième album du groupe sorti en 2000 ne dément pas ces dissentiments malgré son succès certains. Tant mieux. Sur une première écoute, on peut considérer cet album comme un foutoir où les pistes s'enchaineraient sans discontinuité en absence de cohérence rythmique et avec l'irritante voix, tantôt étouffée tantôt éructée de Courtney Taylor (-Taylor), chanteur et guitariste leader du groupe, comme dépositaire de textes tout autant simplistes qu'abscons. Si cela peut vous rassurer ce dernier ne vous contredira pas. Grattons un petit peu, et considérons ces treize histoires de ces bohémiens urbains (bourgeois bohème?) comme une boucle, chemin initiatique d'un homme perdu qui ne croit plus en rien (Godless) vers une salvation, qu'elle qu'en soit sa forme (The gospel). L'album commence donc sur la perte de la foi ( « Godless, godless, God, you're Godless » sur Godless) qu'elle qu'en soit l'origine (« All this freedom you get is a lie », sur Mohammed). Ce malaise ressenti par la voix à peine audible et les sons perturbants est confirmé sur le titre suivant, noisy, sale, « Nietzsche », philosophe connu comme étant un critique des valeurs morales, notamment religieuse. Cela enchaine par un ride-movie très country avec son folklore sonore surexposé comme pour signifier un nouveau départ, une ruée (Country leaver). Et le lâcher prise commence alors, par un son brit-pop très Blur période Parklife et la voix de Taylor mimant Lou Reed ou Iggy Pop, autres références assumées. A cette voix, s'ajoute les textes et l'univers sur le rock lourd de "Horsepill" et sur "Get off", àu rythme plus clair et enlevé, les deux chansons traitants à demi-mots de sexe et de drogue (ne parlions nous pas de ruade juste avant), thèmes récurrents chez les artistes sus-nommés. Bref le chemin mène à la débauche, (obligatoire?). Je pourrai disserter encore plus mais d'une je dépasse allégrement les lignes imparties, effronté que je suis, veine tentative de subversion, et d'autre part il vous sera plus délectable de continuer à explorer les autres chansons menant au dernier titre, connoté spiritual blues, confiant qu'il est bon d'avoir un chez soi pour traverser les épreuves (The Gospel). Christopher McCandless ne l'aurait pas nié.
Mr Blue
Un disque un jour © 2011 - 2024 • Tous droits réservés • Webdesign by Mr Blønde • Nous contacter • Mentions Légales •