Un riff acéré de blues épais. C'est ainsi que débute le premier EP de Catfish, un groupe jurassien formé d'un duo de multi-instrumentistes articulé autour d'une guitare et d'une batterie désossée. Un riff joué au bottleneck et qui vient jouer au chat et à la souris avec une voix puissante et une rythmique minimaliste, pour un canevas qui tisse le morceau d'ouverture, le très bon Have a Good Time. En 5 titres Catfish propose ce que de nombreux groupes n'ont jamais réussi à jouer : une musique et un son fortement influencés par le blues du sud des Etats-Unis depuis les années 40 jusqu'aux plus récents groupes estampillés garage ou autre, aux sons plus actuels. Similaire aux Black Keys des débuts ou à un bluesman comme RL Burnside dans leur conception du blues (fortement) électrifié, Catfish adopte une approche assez contemporaine dans les sonorités par le biais de saturations et autres phrasés légèrement pop voire punk. Les riffs s'enchainent, lourds, abrasifs et moites, chargés d'un riche passé que l'on imagine avoir bercé les deux instigateurs de cet EP réussi. La folk est présente, convoquée par petites touches le temps d'un passage doux et cru, au même titre que le gospel, d'ailleurs, qui s'invite dans la voix habitée d'Amandine Guinchard et qui donne une certaine gravité au chant. Au final il faudra de nombreuses écoutes pour décortiquer ce disque bien trop court, ses nuances, ses notes à peines audibles, cachées sous un torrent de gain et de riffs hypnotiques. Catfish, qui porte le nom d'un titre de John Lee Hooker (ça ne s'invente pas !), c'est un concept qui n'est certes pas inédit, mais qui réunira les amateurs de blues traditionnel et de rock plus actuel autour d'un pichet.
Mr Orange
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