Certains éphémères sont des moments de grâce. Sans vous en rendre compte, un je-ne-sais-quoi vous fait passer d'un monde à l'autre, d'une réalité à un rêve éveillé. Un instant onirique ou plus rien n'importe que le seul fait de se laisser emporter. Plus rien ne compte hormis le fait de vous sentir...bien, comme apaisé. La Nature peut transposer pareil sentiment, une oeuvre d'art également, vous bloquant dans votre mouvement, comme hypnotisé, un appel à la contemplation. La musique semble de cet éclat. L'adage parle de sa tempérance sur nos moeurs. Sans pousser l'analyse sur la véracité de cet aphorisme, notes et vocables, par quelques influences sibyllines, peuvent se révéler exhausteurs de sentiments. Résilience, adoucissement, réconfort, vaillance. Voyons aussi la musique comme cela, au delà de toute technicité et talent. Voyons Cocoon comme cela. Et pourtant, ne nions pas le professionnalisme et l'habilité de Mark Daumail (guitare et chant) et Morgane Imbeaud (clavier et chant), duo clermontois composant le groupe. Révélé sur de nombreuses scènes tremplin (Printemps de bourges, Eurockéennes de Belfort, etc.), adoubé pour leur deuxième album (Where the Oceans End), ce binôme avait déjà montré l'étendu de son art sur leur premier album sorti en 2007, « My Friends All Died In A Plane Crash ». Ce premier opus dessinait déjà les contours de ce qui fera la patte « Cocoon » : une ivresse onirique où il fait bon s'étourdir, entrelacs d'harmoniques et de vocalités, les arrangements musicaux soutenant le sentiment d'équilibre dégagé par les voix, douce et chaude de Morgane, fragile et sensible de Mark. Le contraste est d'autant plus saisissant si l'on s'intéresse aux thèmes abordés, à l'instar du titre de l'album, annonciateur de la noirceur ou de la tristesse qui se manifestent sur de nombreux textes (Vultures ; Seesaw ; Cliffanger). L'imaginaire qui se dégage d'autres titres (Paper boat ; Chupee) atténue cependant le sentiment de malaise qui pourrait survenir. Au final, cette écriture au fil de soie, cette capacité à nous faire voyager dans leurs contrées musicales, sombreur et fantasmagorie de leur état d'esprit, en déployant une sensibilité et une délicatesse à fleur d'âme, rappelle un grand faiseur de l'animation, Hayao Miyazaki, la petite Chihiro pouvant se reconnaître dans ce périple musical.
Mr Blue
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