Baxter Dury est un type ordinaire qui s'adonne à la chanson. Son ascension ne fut pas empreinte de népotisme, son père Ian Dury, chanteur et inventeur du slogan « Sex, drugs and rock'n'roll », ayant disparu avant la sortie de son premier album en 2001. D'ailleurs Baxter Dury n'a pas eu d'ascension, ses deux premiers albums n'ayant pas fait d'éclats. Mais Baxter Dury ne cherche pas à éclater, il se qualifie lui-même comme un chanteur ne sachant pas chanter, histoire d'éviter la concurrence. Alors Baxter Dury sort un troisième album « Happy soup », en total décalage avec la pochette de l'album où l'on croise un chanteur ayant du mal à appréhender son existence-même. Ce décalage n'est pourtant pas fortuit et l'on retrouve ce sentiment tout au long de l'album. A l'heure de la pop-rock revisitée dance floor en Grande-Bretagne, et à l'opposé de l'extravagance de son père, Baxter se la joue minimaliste avec un flegme typique de son pays, une douce chaleur dans les arrangements contrariant cette qualification géographique. Aux sons épurés, composés essentiellement de quelques notes de basses, batteries et de claviers, se rajoute une certaine nonchalance, voire un dandysme, amplifié par l'effet de la voix chantée-parlée ou « sprechgesang », présente sur de nombreuses chansons de l'album (Happy soup ; Afternoon) pouvant rappeler un Mike Skinner, le flow en moins. Las ou apaisé, qui le saurait, Baxter Dury s'essaye, encore un décalage, à la Coldwave façon Joy Division sur « Picnic on the disco ». A sa voix étouffée, faussement fausse et désabusée, se reflète souvent la voix légère et sensuelle de Madelaine Hart, son non alter-ego féminin créant, étrange paradoxe, une étonnante cohésion (Trellic). D'ailleurs, cette féminité magnifiée sur cet album, par la mise en avant de sa partenaire vocale ou encore par l'écriture des deux premiers titres « Isabel » et « Claire », et l'empreinte vocale identifiable de Dury, pourraient rappeler un dandy français ayant souvent dans sa carrière sanctifié la femme, lui restant en retrait, négligemment. Monsieur Gainsbourg. Il y a, vous pourriez en convenir, pire référence.
Mr Blue
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