Petit flashback. En 2004 sort « Eternal Sunshine of the Spotless Mind », le film qui lancera définitivement la carrière cinématographique de Michel Gondry, génial touche-à-tout ou plutôt crée-à-tout de la vidéosphère, en particulier la réalisation de clips musicaux (The Rolling Stones, Bjork, Daft Punk, Beck, entre autres). L'idée du scénario est tirée de deux livres de Boris Vian, L'Herbe rouge et de L'arrache-coeur. Le thème principal est celui de la seconde chance et de l'inaltérabilité des sentiments purs. Joël tombe de haut quand il découvre que sa compagne, Clémentine, a effacé de sa mémoire leur relation tumultueuse. Désespéré, il prend contact avec l'inventeur du procédé pour subir le même traitement. Mais tandis que ses souvenirs s'évanouissent, Joel se rend soudain compte qu'il aime toujours Clémentine. Commence alors une course contre la montre pour conquérir de nouveau cette femme et lutter pour ne pas oublier ce sentiment amoureux. Pour accompagner les folles virées visuelles de Gondry et les tourments de son héros, le français a choisi de faire appel au talent mélodiste de Jon Brion. Présent sur la scène pop de Los Angeles, Jon Brion a surtout produit des artistes (Beck, Eels, Fiona Apple,...). Auteur d'un unique album (Meaningless), l'exercice demandé est d'autant plus difficile qu'il doit à la fois coller à l'esprit du film et de son réalisateur, et pouvoir s'apprécier indépendamment. Pour cela, Brion a composé une quinzaine de scènettes auditives, subtilement concoctées, mélange de mélodies pop (Strings that tie to you), d'arrangements claviers/violons, instruments s'imprégnant aisément des sentiments humains (Postcard ; Row), et d'approches plus contemporaines révélant la dramaturgie et l'angoisse rythmant le film (Sidewalk figh ; A Dream Upon Waking). Ponctués entre ces mailles musicales qui tissent la trame générale, certains artistes s'invitent au voyage mnésique et colorent un peu plus la B.O (l'énergie joyeuse d'Electric Light Orchestra, le punch punk-garage de Willowz ou encore le mystère oriental de Lata Mangeshkar) dans une cohésion remarquable. La palme revient à la reprise très sad-blues par Beck du slow « Everybody's gotta learn sometimes ». Jon Brion parsème ainsi son sombre parchemin d'étincelles de douceur et de bonheur (écoutez le thème principal pour vous en convaincre). En effet, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, cette BO nous le rappelle, n'est pas un film si triste que cela.
Mr Blue
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