Beck, alias Beck Hansen (vrai nom Bek David Campbell) est un touche-à- tout, un adepte du contre-courant , un marginal dans la sphère Indie, mais surtout un musicologue praticien prompt à emprunter tous les cours et méandres musicaux tout en n'hésitant pas à sortir ces flots de leur lit principal. C'est ainsi que depuis près de 20 ans, cet artiste intrigue et inspire, teste et tente, démonte et reconstruit chaque note, chaque atmosphère qu'il croise afin de créer un son qui lui est bien souvent propre et différent sur chacun de ces albums. Pour exemple « Modern Guilty » s'articule sur trois principes : un album court incitant l'auditeur à rentrer de front dans cet univers évitant une possible lassitude (contrairement à ses deux derniers opus beaucoup plus long) ; une voix feutrée et presque indicible du flot musical souvent aérien voire éthéré sur cet opus, pour mieux renforcer les mots et le sens de ces derniers, Beck se voulant plus sombre et moins consensuel ; enfin les beats, et dans un second ordre les choeurs vocaux, constituent les organes principaux du disque et fournissent par leurs diversités (régulier, lent, haletant, soufflé...) un contrepoint idéal au voile vocal du chanteur. Ce choix est dû à l'implication omniprésente et inspirée de Brian Burton, alias Danger Mouse, le DJ du duo Gnarls Barkley, également producteur pour d'autres réussites musicales de ces dernières années (Gorillaz, Black Keys, The Good the Bad and the Queen,...). Au final, « Modern Guilty » est un album cohérent et pluriel à l'image de l'imaginaire de Beck où se côtoie et s'entrechoque des morceaux post-pop comme le titre éponyme, des fulgurances pop-rock sur « Profanity prayers », de la folk samplée divinement sur le dernier titre « Volcano » ou encore des rythmes R&B volontairement ralentis et teintés d'électro sur le non moins surprenant « Youthless ».
Mr Blue
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